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HISTOIRES DE COLLECTIONS

Elise Marguerite Clair Geneviève Ducloz Sandrine Mégoz Histoire d'une collectionneuse Galerie photo

 Sandrine

Alexandrine Mégoz (Chauland, de son nom de jeune fille) avait dans ses armoires des trésors, qui dormaient dans l'obscurité sans jamais être inquiétés. Elle me les a transmis, en partie, absolument tels qu'on les lui avait confiés. Pas vraiment neufs, car ils ont été visiblement portés, mais comme datant d'hier, frais.

Ce qu'elle m'a donné parle plus de la vie de ses parents, paysans savoyards du XIXe siècle, que de la sienne. Il y a ainsi la jupe de paysanne de sa mère, conservée surtout en souvenir d'un père adoré. Et il y a les vêtements parisiens de sa tante qui évoquent l'exode rural.

Selon la phrase de Ste Beuve, "elle est née, elle a vécu, elle est morte dans la même maison". Ses parents, comme bien d'autres, sont "montés" à Paris mais ils n'y sont pas restés et Alexandrine (appelée par tous Sandrine) est née en Savoie et n'en est presque jamais sortie (une excursion à Paris et une à Lyon en tout et pour tout).

Quand nous l'avons connue, elle était déjà âgée mais c'était l'une des personnes les plus populaires de la région, la mémoire des lieux. Les visiteurs défilaient sans cesse pour le plaisir de converser avec elle, mais aussi pour se plonger dans le mode de vie des paysans du XIXe siècle.

Elle vivait dans le passé. Elle n'avait pas l'eau chez elle et tous les soirs elle faisait son feu pour cuire sa soupe, faite exclusivement avec les légumes de son jardin. Elle avait l'électricité mais parce qu' elle avait été installée dans les années 20. C'était l'une des dernières à parler le patois savoyard des Bauges. Et puis, selon une économie de pénurie, elle gardait tout : les magazines et les boîtes à savon s'accumulaient chez elle, de même que ce qui suit ...

Jupe de chanvre portée par la mère de Sandrine

Elle est entièrement plissée à la taille et montée sur une ceinture de chanvre brut.

Le chanvre dont elle faite a été planté et récolté par le père de Sandrine. Il l'a ensuite traité, filé, tissé lui-même en utilisant des outils par lui fabriqué (notamment le rouet).Il n'y avait ensuite qu'à la coudre ...

Cette jupe pèse 1,8 kg et assure une excellente isolation thermique.

 Chapeau de paille noire

Capote simple en paille noire, bordée de velours bleu sombre et orné de plumes de grèbe.

C'est le chapeau du dimanche de la mère de Sandrine.

 Collet (vers 1895)

Sandrine avait une tante montée à Paris pour gagner sa vie.

Elle en a ramené ce collet que Sandrine a conservé dans un état impeccable. Il est absolument ravissant mais quand on le regarde de près on voit qu'il est fait de matériaux de qualité plutôt médiocre. C'est pour tout cela que je le classe parmi mes pièces favorites : son charme, son histoire et le fait qu'il ait été conçu pour les coquettes ouvrières.

Capote (vers 1895)

Voilà sans doute le chapeau à porter avec le collet ci-dessus.

Le bord est garni de velours bleu sombre et de dentelle de perle de jais.

Il est orné de dentelle noire et de choux de satin noir. Sur le devant, un oiseau naturalisé.

 

Sandrine elle-même était très chic, avait une vraie élégance naturelle. En se basant sur cet unique exemple familial, on ne peut qu'applaudir le bon goût des paysannes savoyardes.

NB : Les photographies sont la propriété unique de leur auteur, et ne sauraient être utilisées sans son accord.

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