HISTOIRES DE COLLECTIONS
Elise Marguerite Clair Geneviève Ducloz Sandrine Mégoz Histoire d'une collectionneuse Galerie photo
Le début d’une collection, le début d’une histoire :
Bien que cette collection n’aie que deux ans d’existence, elle se propose déjà de réunir, de retracer les principes, goûts et modes de la Belle Epoque.Outre sa dimension purement personnelle du point de vue esthétique, ce choix oriente automatiquement la réflexion sur les mutations durables que la période 1890-1913 opéra sur le monde, tant sur le plan moral, social, artistique ou même politique, caractéristiques propres à un groupe humain que l’on retrouve toujours dans le vêtement. Période qui s’avère reconnue comme la base de la société que nous connaissons aujourd’hui, ces quelques vingt ans placés sous l’effervescence créatrice des Arts Décoratifs nouveaux, sont réellement le creuset d’une civilisation en pleine mutation. Le corset, et son chant du cygne à l’issue de cette période, en est la représentation la plus commune, le point d’orgue. Cependant, en dehors de ce modelage corporel forcé dès la plus tendre enfance, il est d’autres changements que le costume d’alors représente parfaitement. L’élévation progressive des classes, la naissance de la haute couture, l’accès au tourisme et aux loisirs vont très lentement amener à un autre statut de la femme. D’ornement sage, elle va devenir active, voire sportive. De silhouette sombre et effacée, aux mouvements mesurés par l’entrave du vêtement, elle va adopter de plus fonctionnelles et plus claires toilettes, à la légèreté parfois extrêmement suggestive. Ces costumes, toujours ornementés de détails élaborés –même sur le noir, la recherche au travers d’applications de dentelles et de passementeries est édifiante - eh bien ces vêtements vont à leur tour s’épurer , devenir moins complexes… et ainsi s'acheminer vers une liberté corporelle et morale jamais égalée. Reste à savoir ce qu’en advinrent la beauté et la féminité, mais ce n’est pas à moi d’en juger.
Ainsi, au travers de ces quelques costumes, Véronique et moi vous proposons cette mise en regard de nos deux collections. Bien sûr tout n’est pas encore pleinement représentatif, mais j’espère que nous pourrons vous apporter régulièrement d’autres exemples, afin que la réflexion s’enrichisse au fur et à mesure, année après année, tant la mode était éphémère et constamment renouvelée. Vivante en somme.
Noir, est-ce vraiment noir?…….
1900, 1905, 1909 ... Les dentelles noires tiennent un rôle de premier plan dans l'ornementation des corsages. Ici, des applications de dentelle mécanique sur tulle, de sequins, de perles de verre, de passementerie. Même ton sur ton, l'effet est garanti.
Correspondances entre deux collections :
On considère généralement la mode d'aujourd'hui comme étant uniformisée. Il est en effet frappant, mais aussi décevant, de constater à quel point on s'habille de la même façon aux quatre coins du monde. Mais la mode est par essence uniformisation. Si, il ya 100 ans, la production de vêtements était encore très majoritairement entre les mains des couturières, une certaine uniformisation était déjà bien perceptible. En témoigne ces vêtements qui, d'une collectionneuse à l'autre, se répondent.
D'où, peut-être, la possibilité de rassembler une véritable collection de vêtements : il y en a qu'en quelque sorte on "a déjà".
Broderies de coton multicolore vers 1910.
Parmi mes préférés…
Contrastes d'une collection :
Surcharge et dépouillement, élégante raideur et harmonieuse fragilité…le contraste est en effet très fort entre cette veste des années 1870-73 et ce chemisier tout début 1900. Je sors quelquefois de mon choix temporel. Impossible de résister à une pièce des années 1850, 60, 70 ou 80 si une occasion (raisonnable) se présente. La notion de sauvegarde est parfois un très bon motif également. Un motif ou un mobile ? à voir…l’heure du crime sonne souvent !
Robe de jour, vers 1900
Trouvée à Avallon
Initialement d'un beau vert olive, cette robe illustre hélas les dommages rapides et considérables causés par le soleil sur tout tissu.
" Tea Gown " à traîne de type Watteau. Ca. 1898-1899.
Les voyages forment la jeunesse et agrandissent les collections, témoin cette robe dénichée aux USA.
Ayant encore des lacunes, je suppose également qu’il puisse s’agir d’un déshabillé. Entre le négligé et la robe d’intérieur , cette toilette présente en même temps un important baleinage et un système de fermeture frontal très sommaire…quoi qu’il en soit, elle reste très attrayante par sa coupe et sa couleur tendre.
Robe en fin coton blanc avec applications de dentelle mécanique à motifs floraux (dos)
En parfait état de conservation, si ce n’est une tache. Sans doute jamais portée, aucun système de fermeture, aucune marque de pression n’est décelable. Cette robe légère, simple et sans doute très confortable, est l’illustration des changements
Elise Marguerite Clair Geneviève Ducloz Sandrine Mégoz Histoire d'une collectionneuse Galerie photo