HISTOIRES DE COLLECTIONS
Elise Marguerite Clair Geneviève Ducloz Sandrine Mégoz Histoire d'une collectionneuse Galerie Photo
Robe à le française en pékiné vert amande (1780-1785).
En 1985 (j'ai commencé
en 1981), j'ai acheté cette robe pour 800 FF . J'avais à
l'époque peu de moyens mais le marché provincial était
encore, pour peu de temps, très intéressant. J'ai pu à
mes débuts acheter, avec des moyens très modestes, des pièces
aussi belles que celles que je déniche aujourd'hui à grand
frais.
Costume en lainage chiné gris (c. 1905)
Ce costume simple de jeune fille, impeccable, illustre bien ce qui me fera succomber à l'achat.
Exposé de ce qui me fera succomber, en trois points :
Ce qui me fait succomber 1 :
Avant d'oser acheter mon premier vêtement ancien (cette chose inutile car fragile donc importable, inexposable et pourtant encombrante, qui présente peu d'intérêt chez le commun des mortels), j'ai commencé par acheter des magazines anciens. J'ai rêvé des heures entières devant des illustrations de Fémina ou de La Mode Illustrée.
Quand un vêtement me semble sortir des pages de ces magazines, quand il y a correspondance entre le vêtement fantasmé et le vêtement réel, palpable et dans lequel je peux entrer (cela a été longtemps un critère d'achat), alors je voue à ce vêtement un amour particulier.
Tea-gown (c. 1905)
Le simple nom de tea-gown évoque chez moi des plaisirs bourgeois et désuets, raffinés et délectables quoique très certainement ennuyeux aussi. Cet ennui mondain, aigre-doux, dont la littérature a tant parlé. Et voici la couverture du supplément mode du numéro de "Femina" du 15 février 1902, mon tout premier achat, qui a sans doute motivé, plus ou moins consciemment, l'achat de ce Tea-gown, bien qu'il s'agisse ici d'une sortie de bal en velours chiffon ... orange !
Boléro de soie noire (1905)
Presque même époque et même raison pour aimer particulièrement ce boléro de soie noire. Ce fut un coup de foudre. Je l'ai trouvé en 1983 aux puces de Montreuil où l'on trouve aujourd'hui moins de choses vraiment anciennes.
Il est griffé Vincent & Cie, Rue de la Paix, Paris
Corsage (1903)
Ce qui me fait succomber 2 :
Ce corsage est beaucoup trop simple pour avoir eu les honneurs des revues de mode. Cependant, à en juger mon arbre généalogique, en 1903 je n'aurais sûrement pas eu les moyens de m'offrir les tailleurs, manteaux de fourrure et robes de soirées proposés par Fémina. Institutrice, paysanne, femme de petit bourgeois, j'aurais plutôt porté ce corsage. A la mode bien sûr, plutôt chic même, mais sans fioritures, robuste et chaud. Coupé dans un écossais rouge sang, vif et énergique, mais pas très aristocratique, c'est vrai.
Plus que les beaux vêtements, ces pièces simples, populaires me sont précieuses, fonctionnent comme des machines à remonter le temps.
Robe de style Directoire (1905 - 1907)
Ce qui me fait succomber 3:
Cette robe est belle tout simplement. J'aime ce vert pâle, l'écume de mousseline et de dentelle de la jupe, la grâce de la ceinture remontant dans le dos.
J'ai eu, là encore, le coup de foudre. Dans cette situation, je ne me rends plus compte de la valeur de l'argent : 3500 FF (en 1992) est-ce cher, déraisonnable, inacceptable ? Que fait-on normalement de cette somme d'argent ? Peu importe, j'en dispose et je n'en ferai pas meilleur usage.
Corsage (1900)
Dans la vie d'une collectionneuse, le marchand ne joue pas un rôle neutre.
Ma collection doit beaucoup à un marchand en particulier. Je lui ai acheté ma première pièce en 1981, un tailleur de satinette noir et grise, de 1890, remanié et un peu rongé, pour 150 FF (ce qui était tout ce que je possédais à l'époque). Et depuis, je lui dois environ la moitié de ce que j'ai acquis. Ma fidélité méritant d'être récompensée, il me fait, quand il le peut, quelques cadeaux. Ainsi ce corsage en étamine un peu rongée mais qui a encore fière allure, qu'il m'a donné par un beau jour d'été. J'avoue que j'aime bien les cadeaux.
Robe de style Empire (1908)
Le corsage est drapé de tulle brodé de fil doré, de paillettes dorées de perles turquoises et nacrées.
Il y a donc des marchands sympathiques ou connaisseurs, chez qui on aime retourner, et d'autres ni sympathiques, ni connaisseurs chez qui on retourne quand même, hélas !
Celle à qui j'ai acheté cette robe, voulait à tout prix me faire croire qu'il s'agissait d'une authentique robe Empire. Elle est de toute façon ravissante et, à 1000 FF (en 1997), j'ai bien voulu l'acheter, un peu énervée tout de même qu'on me prenne pour une idiote.
J'ai constaté maintes fois qu'il ne sert strictement à rien de se présenter comme collectionneuse aux marchands. Ils ne vous accorderont aucune considération supplémentaire (l'acheteuse pour la télé ou le cinéma est autrement intéressante), n'imagineront pas que vous pouvez un peu vous y connaître mais bien sûr ne baisseront pas leur prix puisque vous êtes tellement intéressés !!
Robe et cape assortie (vers 1860)
Cette robe tient en bonne partie son côté authentique des nombreux trous de mites qu'on y relève. En fait, elle me semble authentique.
Cependant, sa datation pose des problèmes ardus aux spécialistes car son style n'est pas très pur et parce qu'elle est entièrement cousue à la machine (voir pour plus de détails c1845 dans les pages du forum). Alors, maintenant, le doute me tenaille : et si m'était fait "avoir" par une marchande que je pensais au-dessus de tout soupçons ....
Ensemble de soirée en velours bleu (vers 1878)
Bel ensemble coupé dans un magnifique velours bleu aux reflets mordorés. La jupe est ornée d'une quille sur le côté droit, soutenue par une toile empesée et retenue par des liens.
Curieusement, le marchand ne proposait que le corsage et n'imaginait pas que la jupe puisse également être intéressante. Heureusement, nous l'avons vue qui dépassait d'un sac. Un autre marchand m'a raconté que cette curieuse attitude était assez répandue : il ne faut pas croire que la jupe assortie au corsage n'existe pas parce qu'on le la voit pas. Il faut toujours demander s' il y a une jupe. On a parfois de bonnes surprises.
L'ensemble est griffé : Léon GAIGNERE, Rue & Place de la Bourse 48, LYON
Cape (vers 1900)
Cette cape est faite d'un simple drap noir orné de lacets.
Mais la générosité du décor de feuillages et d'épis de blés, rappelant l'Art Nouveau, et le découpage original des bords inférieurs lui confèrent un grand charme.
Corsage (vers 1910)
Pour illustrer la même idée que ci-dessus, voici un corsage qui semble banal au premier coup d'œil mais qui , une fois posé sur un mannequin, se révèle très séduisant par le simple jeu graphique des transparences.
Corsage style Directoire (vers 1905)
Troisième exemple d'un corsage qui, déjà agréable dans son emballage, révèle pleinement son charme quand il est porté et que le soleil joue, là encore, avec les transparences.
Tailleur (vers 1900)
J'éprouve un intérêt particulier pour les costumes stricts, d'inspiration militaire ou sportive, comme les costumes d'amazone.
C'est un autre versant de la féminité de cette époque. Faussement différente de la séduction engoncée, compliquée et parfois chichiteuse de la majeure partie de la production vestimentaire féminine. La femme y est en effet toujours prisonnière de son impératif de séduction. Mais les lignes sont pures, les motifs discrets et subtils. On imagine une femme active et indépendante.
Ce tailleur provient d'une maison connue pour ses costumes d'amazone et cela se remarque.
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