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Vous pouvez voir cette robe, car il s'agit bien d'une
robe et non d'un ensemble jupe et corsage, parmi d'autres dans la page
consacrée à ma collection. J'imagine qu'elle date des années
1845. Comme je le dis,
elle me semble dater des années 1845 : le buste est très
étroit et se termine en pointe, il y a de petits jockeys aux emmanchures,
la jupe, très large, doit son ampleur à de profonds plis
creux ...
Mais quelque chose
me trouble : il semblerait qu'elle soit entièrement cousue à
la machine. N'est-ce pas un peu tôt ?
Qu'en
pensez-vous ? Merci
de me donner votre opinion.
Et merci de vos réponses :
Eric : A
mon humble avis, cette robe date de l'extrême fin des années 1850 ou
du tout début des années 1860. Certes, comme le dit un autre amateur,
il y a une pointe dans le dos du corsage et les corsages ont perdu leurs
pointes, et devant et derrière vers 1863, mais certaines femmes de la
petite bourgeoisie provinciale ont gardé encore ces pointes quelques
années après leur trouvant un caractère esthétique appréciable car affinant
la taille. Les mancherons courts coiffant les manches longues sont aussi
une réminiscence d'une mode plus ancienne des années 1840. Par contre,
l'application de boutons décoratifs sur le devant du corsage sont plutôt
des années 1860. Dans les années 1840, il n'y a pas de boutons (juste
un agrafage invisible), pas plus que dans la première moitié des années
1850. La manche longue, taillée en arc de cercle, avec assez d'ampleur
au niveau du coude, un peu plus étroite au poignet, s'est faite dans
le courant des années 1860. Le montage de la jupe est aussi typique.
Le grand pli plat et creux de l'arrière est caractéristique de 1858/1862.
Le montage en plis creux relativement étroits du reste de la jupe rappelle
le montage des jupes d'avant 1860. De plus, les applications de soie
violette sont un autre indicateur. Cette couleur violette très affirmée
n'est pas une teinture aux pigments naturels mais une des premières
teintures chimiques. La teinture à l'aniline s'est faite à partir de
1856 et c'est à cette date que le violet N.III est devenu très à la
mode. En ce qui concerne les coutures à la machine à coudre, il faut
savoir que l'usage de ces machines par les couturières professionnelles
installées à leur propre compte en France apparaît dans le courant des
années 1860. Les premiers brevets de machine ont été déposés aux alentours
des années 1820 par Singer, Thimonnier... Mais ce n'était que des prototypes
! Il aura fallu attendre les grands magasins parisiens avec la confection
en série pour voir leurs ateliers s'équiper de machines (fin des années
1850). Puis les couturières indépendantes vont s'équiper dans les années
1860/70 et la machine va rentrer dans les foyers dans le courant des
années 1890/1900. Normalement, votre robe doit être piquée avec un seul
fil crocheté qui doit formé un "point de chaînette" sur l'envers. La
machine avec deux fils (avec cannette) n'existait pas à cette époque.
En recoupant toutes ces données, tous ces indices, toutes ces dates,
en considérant les indices les plus proches de nous, je pencherai donc
pour une datation de 1860/63...
Dominique :
La jupe me parait avoir une certaine ampleur mais a l'air "ronde" et
plutot sans jeté vers l'arrière. Ensuite, la présence des mancherons
me fait croire qu'elle est vers 1850-55, mais surtout le corsage en
pointe devant et derrière. Il est assez rare d'avoir un corsage en pointe
derrière vers 1860-65.
Augusta
: La machine à coudre qui marchait correctement se trouvait aux USA
vers 1845... Eh oui ! Je propose qu'il faut monter la date d'une 10aines
d'années... êtes-vous sûr de la machine à coudre ? Augusta Laureate
internationale de "textile design" Tokyo 1988 ;finaliste "international
textile fair" Kyoto 1994
Ma conclusion (provisoire) :
Ce qui m'a frappé
quand j'ai acheté cette robe, c'est la nuance très vive,
pour ne pas dire criarde, des applications en soie violette. On peut
se demander, en examinant la
robe, si ces applications n'ont pas été ajoutées
après coup. La question se pose de façon particulièrement
aiguë pour la petite cape qui l'accompagne. Il est donc bien possible
que cette robe ait été légèrement modifiée
pour lui permettre de franchir quelques années de plus, la taille
étant particulièrement élégante par ailleurs.
Sa datation va donc rester large.
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